C’est en français, traduit d’après les manuscrits, que paraît pour la première fois, dans son intégralité, le journal de pensée tenu par Jan Patočka entre 1945 et 1950, document dont la publication était attendue avec impatience depuis sa découverte il y a une vingtaine d’années. Rédigées à une période charnière pour la pensée du philosophe tchèque (entre les fragments systémiques de 1940 et le « platonisme négatif » esquissé au début des années 1950) comme pour l’histoire de son pays et de l’Europe en général (avec le coup d’État communiste à Prague et les débuts de la guerre froide), portées par un mouvement qui fait apparaître questionnement métaphysique et analyse phénoménologique, de plus en plus, comme en prise avec les événements, ces pages « s’imposent – écrit Renaud Barbaras dans sa préface – comme un document philosophique majeur, non seulement pour la compréhension de l’œuvre de la maturité de Patočka, mais par elles-mêmes, tant l’auteur y fait preuve de bout en bout d’une finesse d’analyse et d’une profondeur spéculative dont il y a bien peu d’équivalents ».