La Seconde Guerre mondiale a ravagé l'Europe, mais les États-Unis sortent du conflit avec une économie robuste. La population qui avait été encouragée à garder le moindre cent pour l'effort de guerre dépense allègrement son argent, notamment en magazines, et le pays ne tarde pas à dominer le marché du magazine masculin. Le lancement de Playboy, en décembre 1953, a un impact énorme sur le monde de la presse, mais les lecteurs américains des années 1950 jouissent d'un large choix: les titres burlesques ou décalés comme Beauty Parade, Wink, Titter et Eyeful, qui publient les photos de Bettie Page et les illustrations de couverture de Peter Driben, inspirent foison de titres concurrents. Les starlettes adoptent les codes des pin-ups emblématiques des années de guerre, puis viennent les news and nudes, titres qui mêlent actualité et nudité et mettent à la une les cover-girls Marilyn Monroe et Jayne Mansfield, et des publications plus osées comme Shock, qui marie burlesque et ragots sur les célébrités. À New York, c'est une industrie du magazine fétichiste clandestin qui émerge, financée par la pègre, d'abord avec le titre Bizarre de John Willie, puis avec le très féminin Exotique de Lenny Burtman. L'Argentine, très influencée par l'Europe, produit le sophistiqué Vea (Regarde), tandis que l'Angleterre, en proie à une pénurie de papier, publie des magazines minces qui se rattrapent avec les mensurations de leurs modèles, inaugurant une tendance qui se maintient jusqu'aux années 1970. Et puis il y a Playboy. En dénudant «la fille d'à côté», Hugh Hefner prend le contrepied des strip-teaseuses: Il érotise l'innocence et fait du consumérisme la voie royale vers le succès sexuel. Grâce à cette recette, Playboy devient le magazine masculin le plus populaire de l'histoire; il façonnera l'édition magazine internationale pendant des décennies. Le tome 2 de cette série présente plus de 650 photos de une et de pages intérieures parues aux États-Unis, au Mexique, en Argentine et en Angleterre, accompagnées de textes informatifs.