Voici l’histoire des rapports du peuple juif avec le monde et l’argent. Je sais ce que ce sujet a de sulfureux. Il a déclenché tant de polémiques, entraîné tant de massacres qu’il est devenu comme un tabou à n’évoquer sous aucun prétexte, de peur de réveiller quelque catastrophe immémoriale. Aujourd’hui, plus personne n’ose écrire sur ce sujet; comme si des siècles d’études n’avaient servi qu’à nourrir des autodafés.En décidant de raconter cette histoire, on pourrait laisser croire qu’il existe un peuple juif uni, riche et puissant, placé sous un commandement centralisé, en charge de mettre en œuvre une stratégie de pouvoir mondial par l’argent. On rejoindrait par là des fantasmes qui ont traversé tous les siècles, de Trajan à Constantin, de Matthieu à Luther, de Marlowe à Voltaire, des Protocoles des Sages de Sion à Mein Kampf, jusqu’à tout ce que charrie aujourd’hui anonymement l’internet.Pourtant, il est d’une importance capitale, pour les hommes d’aujourd’hui, de comprendre comment l’inventeur du monothéisme s’est trouvé en situation de fonder l’éthique du capitalisme, avant d’en devenir, par certains de ses fils, le premier banquier, et par d’autres, le plus implacable de ses ennemis. Il est aussi essentiel pour le peuple juif lui-même d’affronter cette partie de son histoire qu’il n’aime pas et dont, pourtant, il aurait tout lieu d’être fier.