Au tournant du IIIe au IVe siècle, les deux plus importants philosophes grecs néoplatoniciens, Porphyre et Jamblique, se sont affrontés par un échange de lettres sur les principales questions de la religiosité grecque traditionnelle. Porphyre écrivit la Lettre à Anébon, qui est en réalité une lettre ouverte à Jamblique, et Jamblique lui a répondu par la Réponse de Maître Abamôn à Porphyre, connu sous le titre De Mysteriis. Ces deux auteurs ont imaginé de confronter leurs positions en faisant usage des pseudonymes égyptiens, Anébon et Abamôn. La Lettre de Porphyre à Anébon est malheureusement perdue, mais d'importants fragments en sont connus par Eusèbe de Césarée et saint Augustin, et par la Réponse de Jamblique. Les thèmes abordés par ces auteurs sont la classification et les attributions des êtres divins, les espèces de la divination et la théurgie, voie d’union à dieu. Il est donc intéressant de rassembler les fragments de la Lettre à Anébon, de les traduire et de les commenter, et ce travail, utile en lui-même, est aussi un préliminaire obligé à une nouvelle étude du De mysteriis de Jamblique qui suivra dans un avenir proche. Cet écrit de Porphyre n’a jamais été traduit et commenté en français, et la « Collection des universités de France » se propose d’en publier la première édition. Les auteurs présentent une reconstitution et une analyse rationnelle de cet écrit de Porphyre jusqu’à présent négligé. Le livre contient en outre une communication spéciale de Madame Elsa Oréal, égyptologue, sur l’explication du nom égyptien Anébon, inconnu de la prosopographie égyptienne.Alain-Philippe Segonds† était directeur de recherches honoraire au CNRS (Paris) et directeur général de la Société d’édition Les Belles Lettres. Il a déjà édité dans la CUF le Commentaire de Proclus sur l’Alcibiade (2 vols.) et Marinus, Proclus.Henri Dominique Saffrey est directeur de recherches honoraire au CNRS (Paris). Il a déjà édité dans la CUF Proclus, Théologie Platonicienne (6 vols.) et Marinus, Proclus.