Serait-ce donc un pléonasme que d’élever la musique au rang d’un art, comme si l’enseignement de la flûte ou de la guitare pouvait viser autre chose et impliquait un choix: la musique, prétexte éducatif ou but en soi; la pratique instrumentale, simple mobile d’éveil, de développement psychomoteur, ou approche exclusivement artistique, l’épanouissement venant de surcroît?À moins que ce ne soit l’enseignement lui-même que l’on envisage comme un art – ce qui semble, à juste titre, être revendiqué depuis que le mot « pédagogie » existe –, rendant à l’activité toutes ses lettres de noblesse.Comment distinguer alors l’apprentissage musical d’un autre système éducatif? Comment reconnaître sa singularité si ce n’est en lui attribuant son rôle premier d’ouverture au discours sonore en un accès direct, exigeant mais non moins ludique, avec l’enthousiasme et la foi nécessaires à une telle entreprise?Toutes ces considérations se mêlent et s’entrecroisent dans l’esprit des instrumentistes formés à dure école, mais privilégiés car goûtant aux plaisirs d’un univers et d’un langage particuliers.Artistes devenus pédagogues par obligation ou par amour de la chose – souvent les deux à la fois – et qui, au delà d’une certaine conviction, se posent tôt ou tard la question de savoir ce qu’au fond ils désirent transmettre, ces professeurs resteront-ils toute leur vie de vrais musiciens faisant de leur art le pôle central de leur métier, ou s’oublieront-ils dans les méandres de leurs jeux pédagogiques?