Sous la Révolution puis sous l’Empire, la régence d’Alger reste l’un des seuls alliés de la France, qui doit faire face à la coalition des nations européennes. Bonaparte reproche à ce curieux ami de ne pas le considérer à sa juste valeur, c’est-à-dire au plus haut, et prend prétexte de récentes prises corsaires de bateaux italiens pour menacer le dey d’envahir sa ville. En 1802 d’abord. Puis en 1808, lorsqu’un plan d’attaque détaillé est même établi. Pour après ne rien faire, comme tout le monde avant lui. Pour ne pas dégarnir les fronts guerriers d’Europe, dit-on. Peut-être que le rêve oriental de Napoléon de passer en Inde par l’Egypte implique qu’on s’approvisionne en blé algérien, et donc qu’on fasse la paix avec les Barbaresques. Peut-être aussi qu’il n’y a tout simplement rien à gagner à y aller. Avec Alger, le mieux est de s’accommoder de relations difficiles, pour être plus sûr d’en écarter les Anglais. Avant que la France ne l’envahisse en 1830 en se servant justement du plan d’attaque de l’Empire, l’Algérie reste un allié ambigu et encombrant, mais qu’il vaut encore mieux supporter qu’essayer de battre.