Commencé en 1873, le "Journal" autobiographique de Marie Bashkirtseff se poursuit jusqu'à sa mort en 1884. Dès les premières pages, on surprend l'extraordinaire vie intérieure de cette enfant de treize ans qui, déjà mûre, aborde avec une simplicité pensive les problèmes les plus graves. Puis le tableau s'enrichit d'instantanés sur son existence de jeune fille cosmopolite belle, riche, libre et courtisée, artiste cultivée à l'esprit vif et brillant, amie des écrivains et des peintres, voyageant partout en Europe. Elle séjourne avant tout à Nice qu'elle adore et décrit admirablement, mais aussi à Rome, Naples, Florence, Paris, Saint-Pétersbourg, etc., entre deux passages au domaine familial de Gavrontsi (Russie). Elle dresse les portraits de ses contemporains et de ses amis, rend compte de ses études et de ses lectures, confie ses révoltes, ses ambitions artistiques, ses rêves de gloire. Elle relate aussi ses histoires sentimentales avec des courtisans qu'elle rejette les uns après les autres. Mais sous ce voile de vie mondaine, apparait cependant une personnalité complexe, ardente et inquiète, où la passion pour l'art revêt la plus grande importance. Phtisique, elle sent déjà qu'elle n'aura pas le temps de mûrir sa recherche. Elle se débat contre l'idée de la mort, ne veut rien perdre de ce que la vie peut donner. Aussi intelligente et lucide qu'ingénue, elle confie à ce journal intime une expérience vécue avec la plus grande fraîcheur d'âme.