Outre Victor Hugo, un auteur des mieux renseignés sur les rites spirites, était sans contredit J.-K. Huysmans, l'auteur de Là-Bas et de À rebours. Quand, en 1890, il publia ce livre, qui fit un bruit énorme dans les lettres, et avec lequel il atteignit la grande renommée, l'horreur de la banalité, du « déjà vu », qui l'avait conduit jusqu'à l'extase devant l'artificiel-dans A Rebours en lui faisant, par exemple, admirer la forme d'une orchidée parce que cette fleur a l'air de fumer sa pipe, devait l'entraîner jusqu'au très rare, au très étrange, au monstrueux-dans Là-Bas en lui faisant décrire les sacrilèges obscénités de la messe noire et du Satanisme contemporain. Huysmans avait l'obsession du document. Les grimoires, les in-folios, les pièces authentiques des procès de sorcellerie, conservés dans les archives des bibliothèques, lui fournirent, sur la Magie au moyen âge, des documents précis, d'où sortirent de remarquables pages de ses écrits. Pour la Magie moderne, il se documenta dans les milieux occultistes et spirites. Il fréquenta des poètes, des romanciers, des savants qui se groupèrent autour de revues consacrées aux études ésotériques: l'Initiation, l'Étoile, que dirigeaient Stanislas de Guaita, Péladan, Papus, Albert Jounet... Il assista, d'abord en sceptique, aux séances spirites; mais son scepticisme dut s'évanouir devant l'évidence d'incontestables faits de matérialisations, d'apports, et de lévitation d'objets...