Ce roman a longtemps été éclipsé par sa célèbre préface: s'insurgeant contre l'utilité de l'art, Gautier y défend la théorie de "l'art pour l'art", en revendiquant l'autonomie de l'artiste et la jouissance désintéressée pour le beau. Il est temps de redécouvrir Mademoiselle de Maupin, qui en est la parfaite illustration, et la "Bible du romantisme" selon Sainte-Beuve. Gautier ressuscite un personnage réel: une actrice et cantatrice qui, à la fin du XVIIᵉ siècle, se produisait aussi bien en femme qu'en homme. Il compose un faux conte libertin inspiré des Liaisons dangereuses, et un véritable roman sur l'impossible recherche de la beauté et de l'amour, et sur la confusion des identités - et peut-être leur dépassement. Car la quête de l'idéal esthétique aboutit à la célébration de l'androgyne et de la bisexualité, parfaite réunion des contraires. Tel est cet étonnant roman, d'une puissance et d'une mélancolie folles, où le désir n'est jamais là où on l'attend.