"Qu'a-t-il apporté à la poésie d'amour? Une analyse de la passion et de ses souffrances? Catulle ou Properce ne l'avaient pas attendu. L'aveu sincère de ses hésitations entre le ferme amour et l'inconstance? Marot comme lui allait et venait de l'une à l'autre inspiration, refusant un choix qui l'eût appauvri. La création d'un paysage affectif, par l'obsession et le symbole? Pétrarque lui en donnait l'exemple. Un jeu formel, une recherche de l'inattendu, de la métaphore étrange ou de l'antithèse choquante? Mais chaque siècle a ses précieux. Non, ce ton unique, ce son de voix propre au chantre des Amours, percevons-le plutôt dans ce rêve que le poète substitue à une réalité défaillante, dans ce bonheur fictif, mais total, élan des sens, musique et poésie. Amours imparfaites d'un être souvent déçu, mais "amours du poète", qui connaît d'autres joies. Malgré sa vision pessimiste des rapports humains, malgré sa réflexion désabusée - et très moderne - sur les illusions pathologiques de la passion, Ronsard a chanté l'amour parce qu'il l'acte poétique par excellence." Françoise Joukovsky.