Un affrontement gigantesque au coeur de l'hiverLa bataille qui se déroule dans l’ensemble du massif ardennais entre le 16 décembre 1944 et la fin du mois de janvier 1945 est le plus souvent qualifiée, en France, en Belgique et au Luxembourg de Bataille des Ardennes. Aux Etats-Unis, cette bataille, la plus grande à laquelle les soldats américains participent sur le front occidental est appelée, depuis 1945, The Battle of the Bulge. C’est en effet à un « renflement, à un bourrelet » donc à un « Bulge » de quelque 80 kilomètres sur 100 que les Américains assimilent cette bataille. Quant aux Allemands, ils font de cette offensive imposée par Hitler, le moment qui doit leur permettre si ce n’est d’écraser, du moins d’affaiblir les Alliés occidentaux dans des proportions telles qu’ils seront peut-être bien contraints de négocier. Ils nomment cette opération « la garde au Rhin », Wacht am Rhein.Souvent présentée, à juste titre, comme un affrontement gigantesque, en plein hiver au cœur des Ardennes entre les armées allemandes et américaines, cette bataille fut pour les Allemands le dernier grand combat mené sur le front occidental, avec une chance de succès plus que réduite. Pour les Américains, elle reste la bataille la plus dure et la plus meurtrière menée en Europe depuis le débarquement du 6 juin.Mais cette bataille voulue par Hitler et gagnée par les soldats américains fut plus encore. Dans une dimension allégorique, elle fut le moment d’un grand face-à-face, d’un grand règlement de compte frontal entre Allemands et Américains. Les chefs du IIIe Reich considèrent les soldats américains comme les représentants armés des « démocraties décadentes » et à ce titre de piètres combattants incapables de résister en plein hiver à l’assaut violent des soldats de la Wehrmacht qui les écraseront avant de marcher victorieusement vers leur objectif final qu’est le port d’Anvers. Les soldats américains présents dans les Ardennes vont leur donner tort. Ils vont subir de plein fouet l’offensive surprise et, avec heurs et malheurs, tenir bon. Puis l’armée américaine tout entière, mais aussi dans une mesure moindre l’armée britannique, vont se mettre en marche, canaliser l’offensive allemande, l’empêcher de se déployer vers la Meuse puis dégonfler aussi vite qu’il s’était gonflé le… « bulge » allemand.