"Marcel Proust vint s'asseoir au bal en face de moi, sur une petite chaise dorée, livide et barbu, avec sa pelisse de fourrure, son visage de douleur et ses yeux qui voyaient la nuit. Il a essayé de me parler, j'ai tâché de ne pas l'entendre, je l'ai fui. Pouvait-il comprendre pourquoi je voulais m'éloigner de lui à toute force? C'était parce qu'il réveillait en moi la peur de l'indicible. Il avait les clés du monde où je ne voulais pas le suivre ce soir-là, où il m'a entraînée depuis." De tous les livres écrits par les amis de Proust, celui-ci est sans doute le plus joli, le plus sensible. À côté de l'écrivain revivent Emmanuel et Antoine Bibesco, ainsi que Bertrand de Fénelon, auxquels il était lié par une indestructible amitié.